17. Sieste coquine ratée !

Allongés sur nos lits, dans la chambre que nous partageons, Michel et moi, nous allons nous endormir quand Christelle nous rejoint. Elle douche d'entrée notre fugace espoir de sexe à trois : « Ça va pas bien, bande de dégueulasses ? » Et comme Michel lui fait remarquer qu'il n'y a pas de mal à cela, elle clôt le sujet d'un mystérieux : « Je suis amoureuse. » qui nous laisse songeur. Elle est là pour travailler nous dit-elle, mais comme elle nous a déjà tout raconté, nous fermons les yeux pour faire notre sieste.

• Un bateau suspect arrive demain soir.

Nous nous redressons immédiatement, Michel et moi, alors Christelle nous explique comment les trafiquants opèrent.

• Ils ont choisit le Havre à cause de la forte communauté Balte présente dans la ville. Ils ont ici, beaucoup de relais. A ce sujet, il faut être prudent et ne faire confiance à personne. Par exemple, méfiez-vous de Piotr au bistrot.

Détestant ce type par rivalité amoureuse, je l'approuve bruyamment. Michel est pensif :

• Comment es-tu aussi bien renseignée

Christelle a un petit sourire :

• Je me débrouille. N'oubliez-pas mon amitié avec Maria qui bosse au ministère de la défense. A ces mots son visage s'assombrit, elle doit penser à Aliide. Ce qu'elle confirme immédiatement :« Maria est très inquiète pour sa fille. » Christelle nous fixe intensément avant d'ajouter : « Aliide est un agent de l'état Estonien, elle surveille les filières mafieuses pour son pays et l'Union Européenne. »

Je sursaute :

• Quel hasard ! Tu l’accueilles à Lyon et dans la foulée tu tombes sur le trafic qu'elle surveille.
• Non, ce n'est pas tout à fait cela. Aliide est à Lyon pour des cours de perfectionnement dans cette école subventionnée par l'union Européenne. Elle n'est pas en mission, c'est moi qui lui ai parlée de mes soupçons sur l'origine de tous nos produits bios. Je suppose qu'elle a voulu se rendre compte par elle même et ...commettre une imprudence.
• Tu es sûr que c'est bien elle, la jeune femme que tu as vu l'autre nuit ?

Christelle réfléchit une seconde :

• Sûr, non, mais cela me semble malheureusement très plausible. Maria le pense aussi, d’où notre inquiétude.
• A ton avis, elle n'a aucune chance ? Tu n'exagères pas un peu ? Pour des légumes ?
• Il s'agit d'énormes enjeux, ne vous y trompez pas. Mais il n'y a pas que cela. La communauté Balte est déchirée. Toutes ces années d'invasions, de luttes, de collaborations ont laissé des traces et des haines solides. Des villages, des familles sont encore aujourd'hui en proie à des luttes terribles. Prenez le Havre par exemple, beaucoup d'Estoniens vivent ici, pourtant ils ne forment pas une population homogène, ils se retrouvent par affiliation politique, géographique, ou familiale mais beaucoup s'ignorent ou se détestent. Et il n'est pas rare pour la police d'ici de classer purement et simplement sans suite, un crime commis dans la société Balte.
• Ben merde ! Et Piotr ?
• Bof, un exemple typique. Au « New York », il est loin de ses bases. Il vient là par amour. Je n'arrive pas à le situer, j'attends des infos de Maria. Mais, il bosse sur le port.

Comme j'ai l'air surpris, elle précise :

• Il est Français, il est là depuis longtemps. Il est pilote de port, un sacré boulot. C'est lui qui entre et sort les gros bateaux dans le port. C'est un type aux nerfs d'acier.
• Il peut tremper dans un trafic ?

Christelle hausse les épaules :

• Je vous dis que j'attends des infos, je ne suis pas devin. On va boire un coup ?

Nous sommes debout d'un coup.

• Ouais, d'ailleurs il est temps de rejoindre le « New York », les autres doivent nous attendre.

Dans la voiture, Christelle se plaint de Guitou qu'elle trouve trop pressant. Nous la rassurons :

• C'est ça être un sexe symbole, on connaît le même problème.