dimanche 13 janvier 2013

28. Le bio qui tue !!!


Christelle essaye maladroitement de nous faire croire qu'elle est trop lasse pour parler, mais nos regards lui indiquent bien tout le mépris que nous avons pour sa fatigue et elle se lance dans une ultime tentative d'évitement :
  • J'ai trop bu !
Michel pour toute réponse remplit à nouveau son verre :
  • Allez, dépêche toi, le jour va bientôt se lever.
Et c'est qu'il a raison le bougre. Avec toutes ces histoires je n'avais pas vu venir l'aube, on va bientôt croiser les gens qui bossent.
Christelle se penche en baissant le son, comme si l'un des poivrots qui nous entoure, faisait parti du contre espionnage Russe.
  • Après toutes ces années de lutte et de douleur, Maria et moi avons décidé de vivre une vie plus « riante ». Dés que mon amie a commencé à travailler dans les ministères, nous avons cherché à nous enrichir.
  • Bosser dans un ministère ne rapporte pas assez ?
Christelle fusille Michel du regard :
  • Bon, les potes, quand vous ne savez pas, vous fermez vos gueules, on ira plus vite au lit. Non, en Estonie, cela ne rapporte rien. Et avec ce qu'elle a souffert, il y aura toujours un manque.
  • Mais toi ?
  • Quoi, moi ? Qu'est-ce que vous croyez avec vos bagarres minables de poivrots et vos grèves à deux balles ?
Michel qui déteste que l'on dénigre nos luttes, intervient :
  • Raconte, mais vas-y mollo quand même.
Christelle sourit et fait remplir les verres en poursuivant :
  • OK, fiers travailleurs, vous êtes des héros mais laissez moi vous dire qu'à coté de la police Russe, vos CRS sont des danseurs de tango.
  • Alors, toi, tu as souffert ?
Elle me regarde atterrée :
  • Mon pauvre Martin, tu es vraiment épais. Quand je pense que cette cruche d'Aliide a faillit tout faire capoter. Par amour ! Elle lève les yeux au ciel, me désignant d'un doigt méprisant à la salle qui s'en bat l'œil : par amour pour ça, je vous le demande, cette jeunesse manque de jugeote.
Je me moque bien de ses sarcasmes n'ayant retenu qu'une seule chose de sa sortie : Aliide est vivante. Ce que Christelle confirme immédiatement :
  • Aliide est auprès de sa mère, on va pas y passer la nuit. Je vous disais que Maria, dès son arrivée dans les ministères a réalisé tout le fric qu'il y avait à faire. A l'époque, la filière bio n'était pas encore trop attirante pour les divers mafias qui rodent à Vilnius, alors on s'est lancé, Maria, son fils et moi.
  • Dans le bio ?
  • Ouais dans le bio.
  • Et c'était de la fraude ?
  • Évidemment ! Ce que vous pouvez être lourds ce soir. Vous m'avez bien regardé : Est-ce que j'ai une gueule à jardiner ?
  • Maintenant que tu le dis.
Pendant un instant, j'ai l'impression que le patron va fermer, mais non, c'était une fausse impression, apparemment, tout le monde passe la nuit ici. C'est le paradis ce bar. Je rigole en pensant à Dan plié dans le froid et la bagnole.
  • Alors, voilà, notre petite entreprise tournait du feu de Dieu, et je ne vois pas pourquoi cela n'aurait pas continué éternellement.
Michel a l'air anxieux d'un coup.
  • Mais, c'est quoi ce que tu nous vendais exactement ?
Elle se marre :
  • Là, je ne vous ai pas mentis, tous les produits venant d'Ukraine et de Biélorussie interdits à la vente à cause de leur irradiation.
  • Tu déconnes ?
  • Mais non, ils sont très bons ces produits. La preuve ? Mon stand ne désemplit pas sur le marché bio. Elle rit franchement maintenant :
  • Cracoss les adore mes légumes.
Nous la regardons comme si elle était un monstre.
  • Tu es un monstre, confirme même Michel, mais elle hausse les épaules sans plus d'émotion :
  • Petites natures, va. Vous tiendrez jusqu'au bout ?
Nous ignorons cette nouvelle pique, alors elle poursuit :
  • Plus tard, pour améliorer nos revenus, nous avons fait dans le diamants. C'est bon aussi le diamant.
Plus la nuit avance, et plus les verres tombent, notre petite Christelle retrouve tout son allant. Elle laisse passer un temps, et elle explique :
  • La Rhodésie a bien cadré son commerce de pierres, mais malgré tout, il y a des trous. Alors, nous, on s'est glissé dans ces trous.
  • Et pourquoi cela a t-il foiré ?
Pour toute réponse elle baille sans mettre sa main devant sa bouche :
  • Demain, demain matin, je finirai demain matin. Allons dormir maintenant.
Et il est vrai qu'entre les déchets radioactifs, les pierres précieuses et le vin d'ici, je commence à sérieusement patiner. Les neurones lâchent.

4 commentaires:

DAN a dit…

Moi aussi j'ai les neurones qui lâchent, mais je tiendra le coup, ne serais-ce pour connaitre le faim mot de l'histoire... ouais bon c'est foireux, mais me faire dormir dans une bagnole où il gèle tu crois que ça chambarde les méninges toi !

Louis a dit…

Toujours à se plaindre !!! Mais je te mets dans les bras de jeunes et jolies filles et tu n'as pas la terrible histoire et noir destin de ce pauvre Phyll (restons discrets sur ces points!)

DAN a dit…

C'est ça, restons discret, pôve pote...

phyll a dit…

bon ça a beau être du bio, je patauge quand même !!....
et pour mon avenir dans cette histoire, je préfère ne pas y penser !!... j'espère tout de même qu'il il aura d'la meuf !!!... :o)