lundi 9 mai 2016

23. Un petit tour à Nyons !

Michel ronchonne depuis notre départ de Lyon Part Dieu. Il n'aime pas les trains, ne cesse-t-il de me répéter.
  • Dis plutôt que tu n'aimes pas les gens. On est pas bien dans ce train ?

Michel regarde autour de lui :

  • Un TER en plus. Tu veux ma mort ?
  • Allons, tu n'es pas heureux ? Nous allons retrouver les amis.
  • Pffft !
  • Et Julot et sa cave.

A ces mots il daigne me faire un sourire et je sais que tout va bien se passer. Oenologiquement parlant, bien sur. Nous avons décidé de faire ce petit séjour sur un coup de tête. Et peut-être pour fuir Lyon et ses sourdes menaces.

Joël et Paulo venus, eux, en voiture, nous attendent à la gare.

  • Vous réalisez que vous avez suivit le même chemin que les deux victimes ? Nous dit Joël alors que nous quittons le parking.
  • Maboso venait de Marseille, imbécile !

Il ne se vexe pas de cette sortie :

  • Évidemment, mais dans l'esprit c'est bien cela.

Je réalise qu'il a raison et ce fait, pourtant bien anodin, me trouble. Serait-ce un signe, et serions nous enfin sur quelque chose de concret ? Est-ce que mettre ses pas dans ceux des victimes peut nous aider à y voir clair ? Joël est bien silencieux et quand je lui en fait la remarque, c'est encore Paulo qui intervient tout en se roulant sa cigarette pendant qu'il négocie un virage délicat.

  • Hier soir, Julot nous a fait goûter quelques uns de ses meilleurs crus.

Je regarde
le bougon :

  • Et c'est ce qui te rend silencieux ?
  • M'en parlez pas, j'ai été malade toute la nuit.
  • Son vin est si mauvais ?
  • Non, mais Cracoss nous avait préparé des toasts « bios » de sa création. Une terreur !

Nous rions de bon cœur, même si je leur en veux un peu. Être à Nyons depuis quelques jours sans plus de résultat. D'ailleurs, Michel doit penser comme moi, puisqu'il déclare d'un ton qui ne tolère pas la discussion :

  • Demain on va chez Guerin.

J'ai pu discuter avec l'officier de Gendarmerie. En lui racontant toute l'histoire, j'ai senti qu'il était plutôt intéressé. Il m'a dit qu'il allait lancer des recherches sur Pierre. « Pas trop tôt » m'a lancé Michel lorsque je lui ai annoncé la nouvelle. Et il a bigrement raison. Garnier, toujours fâché, m'a quand même aidé à obtenir le contact avec cet officier. Descendre à Nyons va nous faire des vacances. Nous avons pris la décision après que Prieur ai reculé son voyage en France. On n'a plus de nouvelles d'Arobase depuis qu'il fait le siège de l'hôpital où séjourne Patrick Franc et Christophe n'a toujours pas rouvert son bar. C'est vraiment la «  Complainte des disparus », si l'on songe que Jonas semble lui aussi être dans la nature. En attendant, nous arrivons à la cave « bar à vins » de notre ami Julot. Cracoss est là, lui aussi et nous nous retrouvons sans autre formalité avec un verre de « goûtez moi un peu ce petit bijou » entre les mains. Je taquine mes potes :

  • Doucement, les gars, Ménenchon n'est pas encore président.

Mais rapidement, après les généralités et politesses de rigueur, la discussion roule sur les meurtres et les disparitions. Les Drômois semblent drôlement au courant.

  • Vous étiez là en 81 ?
  • Tu rigoles, me répond Cracoss, en 81 avec Julot, on fêtait la victoire de Mitterrand dans les rues de Lyon. Je me suis installé ici en 85.
  • Et moi en 87.
  • Les gens parlaient des deux meurtres ?

Les deux amis se concertent avant de répondre :

  • Il ne me semble pas. Pourtant, il en traîne du monde dans cet estanco.

Michel soupire :

  • Sûr que ça doit voler haut les discussions dans ce rade.

Julot ne se vexe pas et ressert une tournée, tandis qu'il vire petit à petit les derniers clients qui se pressent acheter leurs bouteilles. Un type reste solidement planté contre le comptoir. Il est resté là silencieux depuis le début. Michel va lui dire son fait quand il se présente comme le lieutenant de gendarmerie Benjamin Mounier. Comme il a un verre de blanc dans les mains, nous l’intégrons facilement dans le groupe. Il nous explique que ces deux crimes Drômois sont un véritable mystère pour lui.

  • J'ai étudié les dossiers, disons plutôt ce qu'il en reste et c'est le trou noir.
  • Il paraît que c'est à cause de la victoire de la gauche.

Il sourit :

  • il y a certainement du vrai dans tout cela, mais quand même ! Quel gâchis.

Tout en adhérant à cette opinion, je me dis que nous ne faisons pas tellement mieux aujourd'hui.

4 commentaires:

DAN a dit…

Autrement dit si quelqu’un veut t’aborder mieux vaut qu’il ait un verre de pinard à la main si je comprends bien. Du fait que la bande n’est plus dans ses murs peut-être va-elle faire des étincelles dans cette enquête, mais bon je lirai calmement la suite des évènements et éviterai de me prononcer sur les capacités de la bande, à moins d’avoir une dive bouteille en main et encore…

Louis a dit…

Faire des étincelles ? Pourquoi pas, après tout. Mais je te rappelle qu'il faut boire "avec modération" et c'est ce que nous faisons (j'exagère beaucoup pour l'ambiance)
Merci de ton passage.

phyll a dit…

j'aimerai bien faire la connaissance de ce "Modération" afin de "goûter ce p'tit bijou" en sa compagnie !!!!
ben l'boujou min gone !!! ;o)

Louis a dit…

Viens à Lyon, Phyll, à la vitesse ou les bistrots "classiques" disparaissent, faudra bientôt boire chez moi (ou chez mon cardiologue !!!)
bises vieux soldat