Notre séjour à Nyons se prolonge grâce à Julot qui veut organiser une grande soirée « dégustation ». Tout cela est bien beau mais notre enquête pâtit de notre indolence. L'idée de la première femme de Guérin est venue de Paulo au quatrième pot de Mâcon.
- Pourquoi, une
première femme ?
Paulo ne
lève même pas la tête de son verre tant la question lui semble
stupide. C'est Michel, enthousiaste qui explique :
- Évidemment, mais c'est bien sur. Il faut trouver cette femme. Il se lève pour embrasser notre pote, au risque de le faire tomber. « Ah, mon Paulo, j'ai envie de t'augmenter » Nous levons tous la tête, aussi, il complète :
- Malheureusement, c'est la crise.
Nous
reprenons nos conversations de bistrots, légères et superficielles,
nous permettant de réfléchir à ce que vient de nous dire Paulo.
Personnellement, je ne vois pas l'intérêt que nous aurions à
chercher cette femme si elle existe. Je me plonge plutôt dans des
pensées moroses dans lesquelles Emma joue un rôle important. Je
n'ai pas essayé de la rappeler, ayant trop peur de me faire jeter
une nouvelle fois, voire même de tomber sur ce demeuré de Gianni.
Par contre, nous nous appelons régulièrement Slimane et moi. Petit
à petit, j'ai appris à connaître et apprécier ce type. Et je
crois que c'est réciproque. Je lui ai raconté toute l'affaire des
diamants, brisant par là, le marché que j'avais conclus avec le
commerçant. C'est risqué, mais j'ai confiance. Slimane ne veut pas
de bain de sang et il excelle dans l'art de calmer les jeunes fous
qui l'entourent.
- Eva Guerin !
C'est
Benjamin, le gendarme, qui ne nous quitte plus, qui vient de pousser
ce cri. Nous nous massons autour de son Mac. Il nous désigne une
ligne du doigt :
- C'est facile, elle a gardé son nom de femme.
Je lis au
dessus de son épaule : « Eva Guerin, née à Oran en 1949 »
Un nom de collège et c'est tout. Elle n'utilise pas les réseaux
sociaux.
- Que nous dira-elle de plus ?
Je reste
convaincu qu'il n'y a rien à trouver de ce coté là. J'ai plutôt
l'intention de rapidement rencontrer les employés de chez Guerin.
- Elle est sortie de la famille, elle peut peut-être parler plus facilement. Cela pue l'omerta, chez les Guerins.
Je regarde
le gendarme avec attention. Ce type vient de trouver les mots justes.
L'ambiance était effectivement lourde chez les viticulteurs. Il nous
est vraiment devenu indispensable ce mec. Quand j'en parle à Michel,
ce dernier ricane :
- Pfft, un gendarme! On se débrouille très bien tous seuls.
Quelle
mauvaise foi ce type. En attendant, j'admire Paulo, oscillant sur son
tabouret tout en se roulant une cigarette. Julot a installé un
chouette « coin bar » au fond de son magasin tout de bois
et métal. Très élégant. Un peu moins lorsque nous y campons.
Michel se décide à commander des pizzas :
- Nous allons bosser ici, ce soir. Il regarde Benjamin : « Vous avez les dossiers sur vous ? »
Heureusement
que ce type est plus organisé que nous. En 5 minutes nous avons
installé un bureau improvisé autour d'une table vite transformée
en bordel sans nom. Les rapports et les photos s'entassent. Je suis
sidéré :
- Vous planchez depuis longtemps là-dessus ?
- Depuis votre premier coup de fil.
Je crois
que ce type se fout de ma gueule, mais non, c'est un bosseur. Il me
regarde en souriant et sort de son attaché case un dernier dossier.
Je tombe de mon siège (oui, comme Paulo), en découvrant des photos
de Claire, Jonas, du commerçant avec qui j'ai traité l'affaire des
diamants. Il sort des photos des jeunes morts ainsi que du fourgue.
Je devrais m'évanouir ?
- C'est quoi, ça ?
Il
rapproche les photos de Claire et de Rigaux le bijoutier :
- Vous saviez qu'ils étaient amants ?
Fermez le
ban et remettez un pot. Le gendarme nous donne quelques précisions :
- Ce type, s’appelle Paul Rigaux, née en 44 à Oran.
- Mais vous êtes fou ! Ils ont au moins 30 ans d'écart. C'est insensé.
Il sourit :
- Mais non, 25 seulement. Vous êtes bien bégueule.
Sa remarque
déclenche l'hilarité générale, ah la vache, se faire traiter de
bégueule par un gendarme, c'est le pompon. Cracoss semble songeur :
- Ils se seraient connus en Algérie ?
Michel me
regarde consterné, mais nous laissons Paulo répondre. Cette fille
est née en 69 et n'a jamais fait de séjour en Algérie. Non, il y a
autre chose. Rigaux connaissait-il Garde, le père de Claire. Nous
restons silencieux, tout à nos réflexions. Personnellement, ces
révélations me plongent dans une grande perplexité. Si Claire et
Rigaux sont aussi intimes que le prétend notre gendarme, notre rôle
dans ces deux affaires est-il vraiment un hasard ? Il nous faut
rentrer à Lyon rapidement. J’appelle Arobase qui râle, prétextant
qu'il y a des heures pour travailler.
- Oh, vieux, on est plus à l'usine. Range tes tracts et descend du podium.
Il
s'étouffe de rage :
- Tu, tu... sais ce que tu es ? Un salaud, un capitalo, un fasciste !
Il a
tellement gueulé que j'imagine bien qu'il a dû un peu forcé sur
l'apéro. J'essaye de le calmer :
- Tu es notre meilleur élément.
- C'est ça, passe moi la vaseline.
Je
l'interromps avant toute allusion grivoise :
- Tu n'es pas intrigué par toutes ces énigmes ?
Il se
radoucit :
- Lucien a pu causer avec le vieux grabataire.
- Patrick Franc ?
Très
concerné, Arobase ne daigne même pas confirmer. Il est à bloc
pépère.
- En tout cas, on a rendez-vous avec Prieur le Brésilien Lundi. Et il a l'air d'avoir toute sa tête, lui.
- Parce que Franc ne l'a plus ?
Il éclate
de rire :
- Sa tête ? Tu rigoles, il est gâteux puissance mille. La preuve ? Il a causé tout l'après midi avec Lucien.
Il continue
à glousser, content de sa vanne, alors avant qu'il ne s’essouffle,
je lui demande de faire une petite enquête sur Rigaud.
- Le Bijoutier ?
- Tout juste, et pendant que tu y es, voit ce que tu as sur Claire. Claire et lui pour être plus précis.
Et avant
qu'il ne me sorte son cahier de revendications, je lui raccroche au
nez. Michel lève les yeux de ses papiers. Je lui fait un petit topo
rapide. Il réfléchit un instant. La cave à Jules est bien calme et
nous bossons encore un peu bercés par les ronflements de Paulo et
Cracoss. Je mets maintenant tous mes espoirs dans ce Raymond Prieur,
qui nous vient du Brésil, « il a du lourd » s'est avancé
Arobase. Michel me dit qu'il va aller voir la première femme de
Guérin dés demain. Benjamin se propose de l'accompagner, ce qui me
dispense de ce qui me semble être une visite inutile.
- je vais essayer de coincer Idriss et Maryam les vieux employés du domaine Guérin.
Le gendarme
me conseille de les voir seuls, ce qui froisse Joël qui voulait
venir avec moi.
- Vous ne prétendez tout de même pas m'apprendre mon métier ?
3 commentaires:
Evidement mais c’est bien sûr, voilà une référence tout à fait appropriée ! En tous cas moi je m’y perd un peu dans toute cette affaire, mais je compte sur Martin pour éclaircir la situation !
Salut Dan, c'est vrai que question manchots, l'histoire n'en manque pas ! Bon, est-ce que tout cela va vraiment s’éclaircir !!!
bises
éclaircissements ?... pistes ?... de mon coté c'est wallou !!!.... soyons patients, ça va bien finir par se résoudre.....
bon week end Louis ! boujou !!! ;o)
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