vendredi 9 décembre 2016

48. Emma et Claire.





Nous avons quittés Nyons dans des flots de larmes et d'alcool. Nous avions terminé notre travail : Guerin et Rigaux étaient les deux coupables encore en vie et la police, main dans la main avec la gendarmerie, étaient en train de mettre un point final à cette affaire. Nous nous sommes répartit les derniers entretiens. Malgré l'obstruction ronchon de Michel, je tiens absolument à ce que nous rencontrions tous les gens que nous avons interrogé au cours de ces investigations.

  • Voilà des personnes, souvent âgées, que nous avons importuné, c'est la moindre des choses d'aller les voir.
Ainsi chaque membre de l'équipe devait aller raconter la résolution de l'énigme (Notre légende, en fait). Nous procédons à la répartition dans nos bureaux mais chacun piaffait de rejoindre « Chez Roger ».
  • Il a une nouvelle serveuse m'a soufflé Michel pour expliquer cet empressement, même s'il me semblait que les copains ne traînaient jamais pour rejoindre le bar.
Je m'étais réservé, Claire, Emma et Alice ce qui n'a pas manqué de déclencher pas mal de réflexions, lazzis et quolibets. Michel, opposé à ces visites, tenait tout de même a m'accompagner vers Alice.
  • Il y a trop de mystère autour de cette femme. S'est-il justifié.
Je lui ai donné une bonne bourrade :
  • Allons chez Roger.


J'ai rencontré Emma le lendemain mais nous n'avions plus grand chose à nous dire, même si sa beauté était telle, que j'aurais bien fini par trouver un sujet de conversation. Mais ce n'était apparemment pas de circonstance. Elle pleurait (oui, elle pleurait) la mort de ce tocard de Gianni. Pour moi c'était intolérable, mais j'ai compris à ces larmes, à quel point j'étais passé « à coté de cette femme ». Nous nous étions « ratés » même si je devais bien admettre que mon attitude infantile, et mes agissements irresponsables n'avaient certainement pas fait de moi, l'homme idéal auquel elle m'avoua prétendre. Je n'eus pas le cœur de lui répliquer qu'à mes yeux, Gianni était loin de représenter l'homme idéal. Il était mort, après tout, et je lui devais bien un minimum de respect. Je me disais qu'à l'usine il avait été irréprochable et que c'était pour ses agissements de l'époque qu'une belle femme pleurait sa mémoire. C'est à ce genre de connerie que je réalisais à quel point j'aimais encore Emma.

Claire m'attendait accompagnée de son mari. Après ce qu'il s'était passé à Nyons, j'avais espéré un autre accueil, surtout que ma visite à Emma m'avait cassé le moral, mais là aussi le chagrin ravageait ce beau visage.
  • Claire aimait beaucoup son frère. Excusez cet accueil. Nous vous avons préparé vos gages. Il me tend un chèque en me remerciant. J'aimerais bien lui faire bouffer son petit bout de papier et son air suffisant, mais je pense aux potes et à leur ardoise interminable chez Roger. Il a pourtant été sensible à mon hésitation et m'interroge :
  • Quelque chose ne va pas, ce n'est pas assez ?
Je souris en montrant les Kandisky :
  • Il nous faudrait ça pour décorer nos bureaux.
Il sourit à son tour et j'empoche le chèque. Claire s'éclipse sans que je n’ai pu croiser son regard, caché qu'il était derrière ses lunettes noires. N'ayant plus de petit personnel, Dupuy me raccompagne à la porte. Alors que je vais franchir le seuil, il me saisit le bras :
  • Revenez la voir, elle vous aime beaucoup.
Il claque la porte sur ces mots qui me laissent songeur. Un couple moderne m'avait dit Claire. Assurément moderne.

Michel m'attend chez Roger et nous filons voir Alice.
  • Je viens par curiosité, rien de plus.
Michel, qui exceptionnellement a refusé de prendre le volant, nettoie ses ongles tout en sifflotant chaque fois que nous croisons une jeune femme.
  • Tout de même, tu n'es pas un peu tendu ? C'est une tranche d'histoire que nous allons rencontrer.
Il me regarde avec pitié :
  • Ce que tu peux être niais, tout de même , mon pauvre Martin. « Une tranche d'histoire », t'en as d'autre dans le genre ?
Nous restons silencieux quelques instants, puis il redémarre :
  • Raconte moi plutôt tes adieux à tes femmes.
Comme j'évite de répondre à sa grosse provocation, il me titille :
  • Allez soit pas vache, raconte. Emma a pleuré quand tu lui as dit que tu ne l'aimais plus ?
  • Oui elle a pleuré.
Michel a l'air surprit, et je ne vais pas lui expliquer qu'elle pleurait pour l'autre con.
  • Je ne me suis pas attardé, tu penses bien.
Il reste songeur et je pense m'être enfin sortit de ce délicat moment quand il me sort un grand sourire :
  • T'es un cœur d’artichaut, tézigue. Je te parie un repas que tu tombes amoureux de cette fichue Alice. Je lui fais le coup du mépris, alors il enchaîne : C'est émouvant tout de même, cette rencontre.
  • Ah, tu en conviens, quand je pense que tu ne voulais pas venir.
Avec sa mauvaise foi légendaire, il m'assène qu'il a toujours désiré retrouver cette femme. Et comme je veux protester il m'achève d'un : « D'ailleurs, j'ai toujours su qu'elle était vivante. »
Quel salopard, ce Michel, il m'en fait rater mon créneau !

11 commentaires:

phyll a dit…

heu...... c'est fini ??..... j'suis complètement à l'ouest !!.... à vrai dire, depuis l'temps, j'me rappelle pas trop du début !!!...... (honte à moi !!)

Louis a dit…

Rapide pour un glandeur Phyll. C'est fini la semaine prochaine (c'est mon cadeau de Noël en quelque sorte)
Sinon, rassure toi, moi même n'y comprend rien.

phyll a dit…

et ben..... c'est malin !!! :o)

DAN a dit…

Je suis comme mon pote, et en plus je n'ai prends connaissance de cet épisode que depuis une heure,(une bavure informatique sans doute) avant il n'y avait RIEN comme il n'y avait aucune réponse à l'épisode précédent. Comment dans ces conditions y retrouver ses petits ???

Louis a dit…

Ah la vache, c'est que je me ferais engueuler !!!
Ménagez moi, je suis en pleine fête des lumières (et en pleine pollution).

Louis a dit…

L'autre jour, pour me changer les idées (et faire l'intello devant la belle Margarita) j'ai été au musée, et quel ne fut pas ma surprise (et ma consternation) de tomber sur un Raoul Dufy représentant le port du Havre. (Il a tout piquè Daniel ce type !!!)
PS : j'ai mis le tableau dans mon profil, mais pas sur que ça marche !

DAN a dit…

ça marche Louis, mais c'est une vignette presque illisible, mais qu'importe puisque je connais le tableau, pour tout t'avouer, je n'aime pas le style de ce peintre, mais bon, tous les gouts sont dans la nature...

phyll a dit…

moi qui pensais que Raoul Dufy était un collège !!!.... bon, je sors !!!.......

DAN a dit…

Phyyyyyyyyyll, m'enfin

Louis a dit…

Un blog d'une telle classe. Tu n'as pas honte Phyll. (je réalise qu'avec ce 8 décembre, j'ai cru qu'on était samedi, hier !)

phyll a dit…

non, même pas honte !!!... et moi j'me gourre pas de jour !!!... :o) :o)